Sermon du : 2012/06/15 Lieu : Mosquée Tawhid - Halluin Thème du Sermon : 3éme moyen pour remedier à la pauvreté: LA ZAKAT |
Au nom d’Allah, le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux.
1ère Partie
Ô musulmans! L'Islam a commandé à tout individu qui en a la capacité de travailler et d'aller à la recherche de ses subsistances afin qu'il se suffise à lui-même, qu'il donne à sa famille ce qui lui suffit et qu'il dépense dans le sentier d'Allah. Nous avons déjà parlé du travail et de son importance dans beaucoup de prêches. Quant à celui qui n'en a pas la capacité et qui n'a aucune richesse ni en héritage ni rien d'autre qui pourrait combler ses besoins, ce sont ses proches qui doivent le prendre en charge, ils le soutiennent et l'aident. Et c’est ce dont nous avons parlé vendredi dernier
Aujourd'hui nous allons parler des moyens que l'Islam a mis en place pour venir à bout de la pauvreté et du besoin. Nous disons donc avec la bénédiction d'Allah tout pauvre n'a pas forcément un proche riche qui puisse s'occuper de lui et le soutenir.
Que feront donc les démunis impuissants? Que pourrait faire les orphelins, ou les veuves ou la mère vielle ou le vieillard? Que pourrait faire l'aveugle, le malade, l'invalide? Et que pourrait faire le valide qui ne trouve pas de travail? Et que pourrait faire le travailleur qui a un travail qui ne suffit pas à subvenir à ses besoins ainsi que ceux de sa famille? Doit-on le laisser lui et les autres à la merci de la pauvreté et la misère qui les dévorerait de manière vorace au su et au vu de toute la société? Une société dans laquelle il y a des gens riches mais qui ne sont d'aucun soutien ni aide. Non! Pas du tout! L'Islam ne les oublie pas! L'Islam a réservé une part pour les soutenir dans les richesses des pauvres. C'est un pilier solide et confirmé, c'est la zakat, l'aumône.
Le premier objectif de la zakat c'est enrichir ou au moins donner ce qui suffira pour vivre aux pauvres et les démunis. Parmi les miracles de cette religion et les signes qui montrent que cette religion nous vient d'Allah et que ce message est le message éternel et universel, c'est qu'il a devancé le temps. C'est un message qui a dépassé les siècles. Il s'est intéressé à venir à bout de la pauvreté, ce message aide les pauvres sans que ces derniers ne se révoltent et sans qu'ils ne le demandent.
Cet aspect n'est pas un aspect de l'Islam négligé, c'est une des bases de la religion musulmane, c'est un de ses fondements. Point d'étonnement de voir que la zakat qui est la garantie qu'Allah a donné aux pauvres et aux démunis dans les richesses de la nation et sous la responsabilité de l'état, point d'étonnement de voir que cette zakat est le troisième pilier de l'Islam, un de ses plus grand commandements et l'une de ses quatre plus grandes adorations.
On peut montrer l'importance de la zakat en Islam à travers deux éléments.
Le premier, la répétition des textes à ce sujet que ce soit à travers le Coran ou la sounnah et que ce soit à travers l'incitation à la donner ou l'avertissement à ceux qui l'abandonnent. Le terme zakat revient dans le Coran à trente reprises. Ce terme est mentionné à 28 endroits accompagnés de la
prière, ce qui montre aussi la liaison complète qu'il y a entre la prière et la zakat.
Parmi les endroits qui ont comme style l'incitation de donner la zakat, il y en a qui mettent en évidence qu'à travers la zakat l'individu se lie aux croyants et entre dans le cercle des bienfaisants et généreux. Ces bien guidés à qui Allah a prescrit le succès et leur a garantit le firdaws. Allah a dit "les croyants ont certes le succès, ce sont ceux qui sont humbles dans leur prière, ils se détournent de la futilité, ils s'acquittent de la zakat..." jusqu'à ce qu'Il dit "ce sont eux les héritiers, qui hériteront le Paradis pour y demeurer éternellement". Dans un autre verset Allah dit "une guidée et une bonne nouvelle pour les croyants ceux qui pratiquent la prière et s'acquittent de la zakat". Dans un autre verset "une guidée et une bonne nouvelle pour les bienfaisants ceux qui pratiquent la prière et s'acquittent de la zakat". Dans un autre verset "tout bien que vous donnerez, vous le retrouverez auprès d'Allah".
Et parmi les textes coraniques qui sont sous forme d'avertissement face à ceux qui abandonnent la zakat et refusent de la donner, ces textes viennent mettre en garde ceux qui refusent de la donner et les comparent aux idolâtres. Le Coran les décrit en disant "malheur aux idolâtres qui ne donnent pas la zakat et qui mécroient au jour dernier". Les textes viennent aussi dire que sans la zakat on ne peut se dissocier des hypocrites. Allah les décrit en disant "ils referment leurs mains (c'est-à-dire dans les dépenses) ils ont oublié Allah et Allah les a oubliés". Allah les décrit aussi comme étant des personnes qui ne donnent que sous la contrainte et sans la donner il s'expose au plus dur des châtiments dans un feu ardent. Allah a dit "ceux qui thésaurisent l'or et l'argent et ne les dépensent pas dans le sentier d'Allah, annonce un châtiment douloureux, le jour où (ces trésors) seront portés à l'incandescence dans le feu de l'Enfer et qu'ils en seront cautérisés, front, flancs et dos : voici ce que vous avez thésaurisé pour vous-mêmes. Goûtez de ce que vous thésaurisiez".
L'imam Bukhari rapporte que dans son authentique selon Abou Hourayra qu'Allah l'agrée que le messager d'Allah (sw) a dit "celui à qui Allah a donné des richesses et qu'il ne donne pas la zakat, le jour du jugement dernier apparaîtra devant lui un grand serpent à la tête lisse avec deux yeux percent le serrera et le saisira par ses maxillaires (mâchoires) et lui dira: c'est moi ta richesse c'est moi ton trésor", ensuite le prophète (sw) récita le verset "Que ceux qui gardent avec avarice ce qu'Allah leur donne par Sa grâce ne comptent point cela comme bon pour eux. Au contraire, c'est mauvais pour eux : au Jour de la Résurrection, on leur attachera autour du cou de qu'ils ont gardé avec avarice".
Le deuxième élément qui montre l'importance de la zakat c'est les intérêts grandioses qui sont concrétisés par cette pratique. Ces intérêts sont évidents sur les différents domaines dans lesquels la zakat est bénéfique et utile. Les psychologues dénombrent de nombreux bienfaits à la zakat que ce soit pour les individus ou les sociétés toutes entières. Les économistes également parlent des nombreux bienfaits de la zakat sur l'économie et la finance qu'elle soit particulière ou globale. Les sociologues parlent des bienfaits de la zakat en particulier la solidarité et l'entraide sociale et sa manière de venir à bout des maux sociaux et son rôle dans la baisse des crimes. Ainsi chacun dans son domaine respectif dénombre des bienfaits dans la pratique de la zakat.
L'Islam lutte de manière virulente contre la pauvreté. Entre autre il a prescrit de nombreuses règles qui visent à venir à bout de la misère et la pauvreté. Si l'Islam s'est autant attaché à cela c'est tout simplement pour supprimer les conséquences néfastes et négatives de la zakat que personne ne nie. L'Islam considère la pauvreté comme un chemin qui peut mener et conduire à la mécréance. L'Islam considère la pauvreté comme est une menace pour le dogme et la croyance, une menace pour la moralité et le comportement, une menace pour la vie familiale et une menace pour toute la société.
Le compagnon Abou-Dharr (qu'Allah l'agrée) a dit "quand la pauvreté va vers un pays la mécréance lui dit prend moi avec toi". Ali Ibn Abi Talib (qu'Allah l'agrée) a dit "si la pauvreté était un homme je le tuerais". Dhoun-Noun Al-Misriy a dit "la plupart des gens qui sont dans le besoin n'ont pas de patience et qu'ils sont peu les patients parmi les gens". En sachant cela il n'y a pas d'étonnement à se dire qu'on rapporte que le prophète (sw) aurait dit mais c'est une narration jugée faible "la pauvreté a failli être une mécréance" (rapporté par at-Tabarani dans son recueil Al-Awsat). Il n'y a pas d'étonnement non plus à savoir que le prophète (sw) demandait protection à Allah contre la pauvreté et de la mécréance dans le même contexte. Il (sw) disait "Ô mon Seigneur je Te demande protection contre la mécréance et contre la pauvreté et aussi contre les supplices de la tombe" (rapporté par Abou-Daoud d'une chaîne de transmission jugée authentique).
Le danger de la pauvreté ne s'arrête pas au domaine spirituel et moral mais il s'étend jusqu'au domaine intellectuel. Le pauvre qui ne trouve même pas la base pour vivre et quoi combler ses besoins, ceux de sa famille et ses enfants comment pourrait-il réfléchir correctement? En particulier si à côté de lui vit un individu qui se noie dans le luxe et l'or. On raconte que Abou-Hanifa disait "ne demande pas l'avis de celui qui n'a pas de farine chez lui". Il disait cela parce que quelqu'un qui n'a pas de quoi manger chez lui est trop préoccupé pour pouvoir être de bon conseil. En effet le trouble a une influence néfaste sur la pensée et la réflexion. Cela est confirmé par la psylchologie. D'ailleurs dans un hadith authentique le prophète (sw) a dit "que le juge ne prenne point de décision sous la colère". Ensuite les juristes ont mis au niveau de la colère la faim, la soif et tous les autres troubles qui peuvent influencer de quelques manières que ce soit sur l'individu et ses décisions. Un poète disait "lorsque la richesse de l'individu diminue c'est sa splendeur aux yeux des gens qui diminue, c'est sa terre et son ciel qui deviennent pour lui trop exigüe, il devient quelqu'un qui ne sait plus quand bien même il savait est-ce son avenir ou son passé qui sont pour lui meilleur".
Pour repousser tout cela l'Islam a commandé de donner le minimum pour vivre à tout individu qui vit dans la nation islamique qu'il soit musulman ou non. Nous avons déjà mentionné que Omar a permis à un juif qui mendiait d'avoir une part des caisses de l'état afin qu'il puisse vivre comme tout le monde sans devoir avoir recours à la mendicité. Le minimum pour vivre chez les juristes c'est au minimum lui garantir de quoi se vêtir, se nourrir, s'abreuver, se loger et ce dont il a besoin pour pratiquer son métier s'il en a un sans oublier de lui permettre de se marier s'il est célibataire.
2ème Partie
Ô musulmans! L'Islam a donné les moyens de vaincre la pauvreté et ses conséquences de la société de plusieurs manières. Parmi ces moyens comme nous l'avons dit il y a la zakat, qui est un pilier et un commandement religieux que le musulman applique par obéissance à son Créateur et pour obtenir la satisfaction tout en considérant que c'est un droit que le pauvre a sur lui. L'Islam rappelle non seulement d'où doit être récoltée la zakat et à qui elle doit être redistribuée. La plus importante des parties à qui elle doit être redistribuée ce sont les pauvres et les démunis.
Beaucoup de juristes considèrent que le premier rôle que doit remplir la zakat c'est remédier au problème de la pauvreté. La zakat doit être un remède définitif à la pauvreté non par une manière juste d'alléger ce problème ou un moyen de rassurer provisoirement. Nous comprenons cela à travers le hadith de Mou3adh Ibn jabal qu'Allah l'agrée) lorsque le messager d'Allah (sw) l'envoya au Yémen et lui dit "informe les qu'Allah leur a prescrit une part d'aumône dans leurs richesses qu'on prend de leurs riches pour redistribuer à leurs pauvres".
Les réalités historiques montrent que la zakat a joué un rôle très important dans l'élimination de la pauvreté des sociétés islamiques (de l'époque). Pendant son règne, Omar Ibn Al-Khattab qu'Allah l'agrée, désigna Mou3adh Ibn jabal gouverneur du yémen comme il le fut avec le prophète (sw). Mou3adh envoya la première année un tiers de ce qu'il avait récolté de la zakat, la deuxième année la moitié et troisième année il envoya tout ce qu'il avait récolté comme aumône au Yemen. Omar le blâma en lui disant "je n'ai pas envoyé au Yémen comme récolteur" c'est-à-dire certes tu n'es pas au yémen pour récolter l'argent des riches yémenites et me l'envoyer dans sa totalité mais pour le redistribuer aux yémenites pauvres. C'était la politique de Omar à tel point qu'il disait "lorsque vous donnez, donnez pour enrichir". En effet Omar ne voulait pas donner au pauvre juste ce dont il a besoin mais il donnait de façon à ce que ce pauvre se suffise à lui-même et qu'il n'est plus besoin de demander. Donc pour revenir au fait que Mou3adh envoyait la totalité de la zakat récoltée et que Omar le blâmait, Mou3adh répondait "je ne t'ai rien envoyé que quelqu'un aurait besoin ici" c'est-à-dire que grâce à la zakat distribuée les années précédentes, il n'y avait plus de pauvres au yémen.
C'était également la même situation pendant le règne Omar Ibn Abdelaziz au début du premier siècle de l'hégire. Les gens donnaient leur part de zakat mais il n'y avait personne pour la prendre parce qu'il n'y avait plus de pauvres. Aussi lorsque Omar Ibn Abdelaziz envoya son gouverneur au nord de l'Afrique Yahya Ibn Saïd et qu'il récolta la zakat, il ne trouva aucun pauvre à qui la donner. Yahya écrivit une lettre dans laquelle il expliqua au calife Omar Ibn Abdelaziz qu'il n'y avait pas de pauvre. Omar Ibn Abdelaziz répondit "achète des esclaves avec l'argent récolter et libère les, affranchis les". Le gouverneur acheta des milliers d'esclaves pour juste après les libérer. A cette époque les gens disaient "Omar a enrichit les gens grâce à sa justice et son équité".