Sermon du : 2012/06/01 Lieu : Mosquée Tawhid - Halluin Thème du Sermon : La solidarité familiale dans le besoin |
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Au nom d’Allah, le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux.
1ère Partie
Ô musulmans! Nous avons précédemment parlé du travail et de son importance. Nous avons montré que le travail est la première arme contre la pauvreté, qu'il est aussi la première cause qui amène les ressources et qu'il est le premier facteur de peuplement de la terre puisqu'Allah a créé l'homme pour la terre et Il lui a ordonné de la peupler et d'y vivre. C'est ceci la base en Islam, que chaque individu combatte la pauvreté avec ses propres armes, et son arme c'est le travail. Cependant quel est le crime des invalides qui n'ont pas la capacité de travailler? Quel est le crime des veuves qui ont perdu leur mari et n'ont aucune richesse? Quel est le crime des petits enfants et des vieillards? Quel est le crime des malades et des handicapés et quel est le crime de ceux qui ont été atteint par des catastrophes qui les ont forcés à se préoccuper de leur sort et de ce qu'ils ont perdu? Doit-on les mettre de côté? Non! Jamais!
L'Islam organise ce qui est nécessaire pour protéger les individus des conséquences de la pauvreté et du besoin. L'Islam fait en sorte qu'ils n'aient pas à devoir s'humilier dans la mendicité.
La première chose que l'Islam a mis en place pour se faire c'est la solidarité entre les membres d'une même famille. L'Islam a fait des membres d'une seule et même famille des gens qui s'entraident et sont solidaires entre eux. Chacun est un appui et un soutien pour l'autre. Le plus fort d'entre eux supporte le plus faible. Le plus riche prend à sa charge le plus pauvre. Le valide lèvera l'invalide. Les relations et liens entre eux sont renforcés. L'affection et la clémence entre eux est une colonne qui les lie. Cela s'explique par les liens de parenté qui les lient.
Ceci est une réalité universelle appuyée par la réalité religieuse. Allah a dit "Les liens de consanguinité ont la priorité les uns sur les autres selon le livre d'Allah". L'Islam a incité dans les versets de son livre et les hadiths de son Prophète de respecter ses proches et d'être bienfaisants envers eux. Inversement il avertit ceux qui rompent leurs liens de parenté ou sont mauvais avec leurs proches d'un châtiment dur. Parmi les versets que l'on peut citer il y la parole divine "Allah commande l'équité, la bienfaisance et l'assistance aux proches" ou encore "Adorez Allah et ne Lui donnez aucun associé. Agissez avec bonté envers (vos) pères et mères, les proches, les orphelins, les pauvres, le proche voisin, le voisin lointain, le collègue et le voyageur, et les esclaves en votre possession, car Allah n'aime pas, en vérité, le présomptueux, l'arrogant". On pourrait encore citer la parole d'Allah "Craignez Allah au nom duquel vous vous implorez les uns les autres, et craignez de rompre les liens du sang. Certes Allah vous observe parfaitement" ou aussi "Et donne au proche parent ce qui lui est dû ainsi qu'au pauvre et au voyageur (en détresse). Et ne gaspille pas indûment" ou encore "Donne donc au proche parent son dû, ainsi qu'au pauvre, et au voyageur en détresse. Cela est meilleur pour ceux qui recherchent la face d'Allah (Sa satisfaction); et ce sont eux qui réussissent". Et parmi les hadiths, la parole du Prophète Muhammad (r) on peut citer "que celui qui craint Allah et son Messager qu'il renforce ses liens de parenté" (rapporté par Al-Bukhari). On peut aussi citer la parole du Prophète (r) lorsqu'il (r) dit "le lien de parenté est suspendu au trône (d'Allah) et il dit : celui qui me renforce, Allah le renforce et celui qui me rompt Allah le rompt" (rapporté par Muslim). Le Prophète Muhammad (r) a commandé de respecter les parents ainsi que les proches et il (r) a dit "(sois bon envers) ton père et ta mère, ta sœur et ton frère, et ton proche qui vient après (eux), c'est un devoir et un lien de parenté que tu renforces" (rapporté par Abou Daoud).
Tous ces textes montrent que l'individu à des droits sur ses proches bien plus qu'il n'en a sur les autres personnes. Quels seraient donc ces droits? Quels seraient donc les droits du proche si ce n'est d'abord et avant tout dépenser pour lui et le prendre en charge quand il n'est plus capable de se subvenir à ses besoins. Le proche a bien droit à un gain après la mort de son proche et en percevant une part de son héritage, c'est donc bien juste et équitable qu'il subvient à ses besoins et dépensent pour lui avant sa mort quand il n'a plus la possibilité de se débrouiller. S'il y a des situations où le proche profite il y en a d'autres où il doit dépenser.
Ensuite quel sens auraient le renforcement des liens de parenté sans qu'on doive dépenser pour les démunis parmi nos proches? Si certains disent je remplis mes devoirs envers mes proches en les visitant, en prenant de leurs nouvelles en leur parlant sans rien leur donner c'est suffisant pour renforcer les liens de parenté. Et en effet certains pourraient croire que renforcer les liens de parenté se résume à ça. Pour répondre à cela comme l'a dit l'érudit ibn Al-Qayyim (qu'Allah lui fasse miséricorde) "les réponses nous la faisons de deux manières. La première c'est de dire quelle rupture (des liens de parenté) est plus grave? Voir son proche hurler et souffrir à cause de la faim, le voir trembler et gémir à cause du froid et du gel et ne lui donner ne serait-ce qu'une bouchée de pain ou un seul vêtement pour le protéger du froid ou lui donner un toit qui l'abrite. Cela alors que c'est son frère ou son demi-frère ou son oncle ou sa tante. Si ceci n'est pas la rupture des liens de parenté alors nous ne savons pas ce que c'est la rupture. La deuxième manière de répondre est de dire, qu'est-ce donc que ces liens que les textes nous commandent de renforcer?"
Le Prophète (r) a comparé les droits des frères et sœurs aux droits des parents. En effet Abou Daoud a rapporté selon Koulayb Ibn Manfa3 Al-Hanafi qui rapporte de son grand père qu'il s'est rendu auprès du Messager d'Allah (r) et il lui a dit "Ô Messager d'Allah à qui je dois le plus de respect?" Il (r) lui répondit "ton père et ta mère ensuite ta sœur et ton frère et ton proche qui vient après (eux), c'est un devoir et un lien de parenté que tu renforces". Quant à An-Nassaï, il rapporte de Ibn Abdillah Al-Moharib que le Messager d'Allah (r) a dit "La main de celui qui donne est plus haute, et commence par ceux qui sont à ta charge, ta mère et ton père ainsi que ta sœur et ton frère puis ceux qui suivent et ceux qui suivent". Selon Jaber qu'Allah l'agrée, le Messager d'Allah (r) a dit "Commence par toi ta propre personne et fais lui l'aumône et s'il reste quelque chose ce sera pour ta famille et s'il reste de ta famille quelque chose ce sera pour tes proches et s'il reste quelque chose de tes proches et ainsi de suite devant toi, à ta droite et à ta gauche" (rapporté par Muslim).
Ces paroles du Prophète (r) vont en adéquation avec le livre d'Allah. Allah dit "Et les mères, qui veulent donner un allaitement complet, allaiteront leurs bébés deux ans complets. Au père de l'enfant de les nourrir et vêtir de manière convenable. Nul ne doit supporter plus que ses moyens. La mère n'a pas à subir de dommage à cause de son enfant, ni le père, à cause de son enfant. Même obligation pour l'héritier". Allah a commandé à l'héritier la même chose qu'il a commandé à son ascendant. A propos de ce verset Ibn Jourayj a dit "j'ai dit à 3ata: que veut dire "Même obligation pour l'héritier"? 3ata dit "il est du devoir des héritiers de l'orphelin de dépenser pour lui de la même manière qu'ils auront droit à son héritage". Jourayj poursuit "j'ai alors demandé à 3ata: cela veut-il dire que nous devons prendre de l'héritier sa part d'héritage pour le nouveau-né quand c'est de lui qu'on hérite mais qu'il n'a pas de richesse". Il dit "doit-on le laisser mourir?". C'est la compréhension qu'ont eu de ce verset la majorité des commentateurs du Coran. C'est également le même décret qui fut délivré par le calife Omar Ibn Al-Khattab. Selon Said Ibn Al-Moussayib, Omar a pris des héritiers d'un enfant leur part d'héritage pour qu'elle soit ce qui subvient aux besoins de l'enfant. Il a pris des hommes sans prendre des femmes. C'est également le décret qui fut pris par Zayd Ibn Thabit. Al-Hassan rapporte de Zayd Ibn Thabit qu'il a dit "si l'enfant orphelin a une mère et un oncle paternel, la mère doit donner à hauteur de sa part et l'oncle à hauteur de sa part". Il n'est pas rapporté qu'un seul compagnon aurait contredit Omar ou zayd, on considère qu'il y a donc unanimité entre les compagnons. Il est vrai que les juristes ont émis deux conditions pour dépenser en faveur du proche et le prendre sous son aile financièrement. La première c'est que ce proche soit dans le besoin, qu'il soit pauvre. Si ce n'est pas le cas il ne fait pas partie de tes obligations de le prendre en charge. La deuxième condition est que celui qui va donner ait assez de richesse, qu'il en est plus que ce dont il a besoin pour pouvoir dépenser en faveur d'un proche dans le besoin. La preuve est ce qui a été rapporté par Jaber que le Messager d'Allah (r) a dit "commence par toi-même ensuite ceux qui sont à ta charge". Dépenser pour un pauvre c'est un soutien qu'on offre et le soutien ne peut provenir que de ce dont on a en plus.
L'Islam n'a pas établi de somme de base à donner pour la personne qu'on prend sous son aile et qui est à notre charge parmi nos proches. Tout simplement parce que cela dépend du degré de besoin des gens et aussi de l'endroit où ils vivent, l'époque ou encore les mœurs. Et cela dépendra aussi de ceux qui donnent, certains pourront donner beaucoup, d'autres moins. Ce que l'Islam demande c'est de prendre en compte ce que l'individu peut donner et ce que celui qui reçoit a besoin. On doit donc donner avec bienfaisance et la bienfaisance c'est ce qui est communément reconnu par les âmes pures, les esprits sages et les mœurs des gens vertueux. Allah a dit " Que celui qui est aisé dépense de sa fortune; et que celui dont les biens sont restreints dépense selon ce qu'Allah lui a accordé. Allah n'impose à personne que selon ce qu'Il lui a donné". Dans un autre verset " Donnez-leur toutefois - l'homme aisé selon sa capacité, l'indigent selon sa capacité - quelque bien convenable dont elles puissent jour". Le Prophète (r) a autorisé à Hind l'épouse de Abou Sofiane de prendre des richesses de son époux ce qui lui est suffisant pour vivre. Sachant que la dépense concerne l'alimentation, la boisson, les vêtements en hiver et en été en fonction du climat, les soins médicaux, le logement, les meubles et le servant pour celui qui n'est pas capable de se débrouiller tout seul, cela concerne également le mariage, dépenser pour sa femme et ses enfants. L'érudit Ibn Qoudamah a dit "La charge du proche est une obligation qui se mesure en fonction, de ce qui suffit à ce proche. Parce que c'est une obligation qui n'a lieu d'être que parce que l'individu est dans le besoin et l'obligation est de donner ce qui est suffisant pour faire disparaître ce besoin. Et s'il a besoin qu'un individu soit à son service on doit dépenser pour prendre en charge ce besoin et s'il a une épouse on doit dépenser pour elle".
Ceci est la position de l'Islam concernant les proches.
2ème Partie
Ô musulmans! En prenant en compte le besoin des proches, l'Islam a mis en place la première pierre de l'édifice de la solidarité et l'entraide sociale. L'islam n'a pas fait de cela un acte qui serait uniquement recommandable mais c'est un commandement divin, une obligation. La jurisprudence islamique détaille toutes les règles qui le concernent dans le chapitre An-nafaqate (les dépenses). Pour cette raison il est du droit de chaque musulman pauvre de demander aux riches parmi ses proches de le prendre à leur charge et la législation islamique ainsi que le droit islamique le soutiennent dans ce sens.
Aujourd'hui cela est devenu pour la plupart des musulmans quelque chose de normal et d'habituelle d’aider et prendre sous son aile son proche qui est dans le besoin. Cela parce que nous l'avons appris et avons été éduqué dans cet esprit. Même si cela a l'air étonnant et ahurissant chez d'autres peuples ou dans d'autres nations que nous considérons pourtant comme des civilisations avancées. Le docteur Youssouf moussa, dans son livre "l'Islam et le besoin humain à lui" a dit "il me parait important d'évoquer que lorsque j'étais en France, j'étais hébergé dans une famille et il y avait une servante dans cette famille qui avait l'air d'appartenir à une famille noble. J'ai alors demandé à la maîtresse de maison pourquoi cette fille travaillait? N'a-t-elle pas un proche qui puisse lui éviter d'avoir à travailler et lui donner ce dont elle a besoin? Elle me répondit qu'elle appartenait à une bonne famille dans la région et qu'elle avait un oncle très riche mais il ne lui donne aucune attention. Etonné je demandais alors mais pourquoi ne porte-t-elle pas plainte afin qu'une cour de justice le condamne à la prendre à sa charge? Cette femme fut choquée par mon idée! Et elle m'expliqua que la loi du pays ne permettait pas cela. Je lui appris alors ce que l'Islam disait à ce sujet. Qui pourrait nous apporter à nous ce genre de lois, si nous avions des lois comme celles-ci plus aucune femme ne serait obligé d'aller travailler". Le monde a perdu énormément avec l'absence de l'Islam de la vie des gens.