Sermon du : 2012/02/10 Lieu : Mosquée Tawhid - Halluin Thème du Sermon : Les serviteurs du Miséricordieux (Partie IV)
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Au nom d’Allah, le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux.
1ère Partie
Nous continuons à vivre avec les étendues du Coran et les serviteurs du Miséricordieux qui ont été décrits dans sourate le discernement. Allah nous a décrit à travers ces versets comment ils sont avec eux-mêmes, comment ils sont avec les autres, comment ils sont avec Lui (gloire à Lui). Puis Il les a décrits dans leur façon d'être avec leurs richesses. Allah a dit "lorsqu'ils dépensent, ne sont ni prodigues ni avares mais se tiennent au juste milieu".
On ne suppose pas, à propos des serviteurs du Miséricordieux, qu'ils sont des gens sans biens ni richesses. Ce n'est pas ce qu'on attend d'eux. La pauvreté n'est pas une caractéristique ni une particularité des serviteurs du miséricordieux. Rien ne les empêche d'être riches.
A titre d'exemple, Allah a qualifié les personnes qui sont les plus attachées aux mosquées en disant "ils le glorifient en elles (les mosquées) matin et après-midi, des hommes que ni le négoce, ni le troc ne distraient de l'invocation d'Allah, de l'accomplissement de la Salat et de l'acquittement de la Zakat". Si l'on parle avec les termes modernes on dira ce sont des hommes d'affaires. Ils sont dans le commerce et le négoce et malgré cela ils ne sont pas distraits ni éloignés de leurs obligations. Allah s'est d'ailleurs adressé aux croyants en ces termes "Ô vous qui avez la foi que vos richesses et vos enfants ne vous distraient pas du rappel d'Allah". Le sens de cela est qu'ils ne sont ni tel des moines qui s'isolent de tout ni tel les derviches qui s'abstiennent de tout. Plutôt ils prennent garde que leurs richesses et leurs enfants ne les distraient pas du rappel d'Allah.
Les serviteurs du Miséricordieux peuvent posséder des richesses. Les biens et les richesses sont considérés par l'Islam comme un bienfait à travers lequel on doit être reconnaissant. D'ailleurs l'imam Nawawi a intitulé un de ses chapitres dans son ouvrage Riyad As-Salihine (le jardin des vertueux) "le chapitre du mérite du riche reconnaissant".
La richesse en Islam est un dépôt (une amana) qu'on doit soigner et préserver. La richesse fait partie des cinq nécessités de base que le musulman doit préserver. Le musulman est dans ses richesses un représentant, un responsable puisqu'en réalité cette richesse c'est la richesse d'Allah et l'homme est le garant de ces richesses. C'est pour cela qu'Allah a dit "et dépensez de ce dont Il vous a donné la lieutenance". Et puisque la richesse appartient à Allah et que l'individu n'est finalement qu'un responsable du trésor, de la caisse, il se doit d'être attentif et s'occuper convenablement de ces richesses. Il n'est pas permit à un salarié dans une entreprise ou une institution de contredire le gérant de l'entreprise ou l'institution et de faire ce qu'il veut.
Le musulman est ainsi avec les richesses qu'Allah a mis entre ses mains. Allah donne des enseignements dans la façon d'acquérir les richesses. La richesse ne doit provenir que du licite et qu'en pratiquant des démarches légiférées religieusement. Il y a également des enseignements concernant le développement et l'investissement des richesses. Tout comme il y a des enseignements concernant la consommation et la dépense des richesses.
Le verset coranique que nous étudions s'est attaché à un sens important et bien précis c'est-à-dire comment dépenser les richesses. "Lorsqu'ils dépensent, ne sont ni prodigues ni avares mais se tiennent au juste milieu". Il est possible que l'individu amasse des richesses ne provenant que du licite et en pratiquant des démarches légiférées religieusement mais après cela il garde tout et devient avare. Il préfère le garder plutôt que d'en dépenser une once dans ce qu'Allah aime. Ou alors inversement il dilapidera ses richesses et les jettera de droite comme de gauche.
La communauté peut être touchée dans ses riches de deux façons. La première ce sont des riches mais qui sont avares et radins et ne reconnaissent aucun droit dans leurs richesses ni pour Allah ni pour les gens. Quelles que soient ses obligations pécuniaires il ne les remplit pas. La deuxième ce sont les riches qui dilapident, dépensent et consomment à outrance et avec excès. Ils ne s'arrêtent à aucune limite ni à aucune loi. En réalité les richesses doivent être dépensées dans ce qui est légitime sans avarice ni dilapidation. C'est cela la morale islamique, le juste milieu et l'équilibre. Allah a dit "ne porte pas ta main enchaînée à ton cou [par avarice], et ne l'étend pas non plus trop largement, sinon tu te trouveras blâmé et chagriné".
La mesure accompagnée de l'équilibre, le juste milieu c'est la constitution de l'Islam. Le prophète (sw) disait dans ses invocations "ô mon Seigneur je te demande ta crainte en secret et en public, et je te demande la parole de la sincérité dans la colère et la satisfaction et je te demande la mesure dans la pauvreté et la richesse". (allahoumma inni as-alouka khashyataka fil ghaybi wa shahadah wa as-alouka kalimatal ikhlass fil ghadabi warrida wa as-aloukal qasda fil faqri wal ghina).
La mesure dans la pauvreté et dans la richesse. La mesure ici c'est l'équilibre et l'économie. L'Islam attend du musulman qu'il dépense. D'ailleurs parmi les critères des gens pieux c'est qu'ils dépensent. Allah, lorsqu'il a décrit les gens pieux au début de la sourate al-Baqara, a dit"et de ceux que nous leur avons pourvu, ils dépensent". "Et de ce que nous leur avons pourvu" c'est d'une partie de ce que nous leur avons donné. Lorsqu’Allah a prescrit la zakat il l'a prescrite dans une partie des richesses par exemple 2,5%, dans d'autres catégories de richesses 5%, dans d'autres 10%. Allah n'attend pas des gens qu'ils donnent tout. Un verset dit"(Allah) ne vous demande pas toutes vos richesses car si Il vous les demandait vous deviendriez avares". Allah ne nous demande qu'une petite partie de ce que nous possédons en plus de ce qu'on a besoin. "Ils t'interrogent que doivent-ils dépenser, dit le surplus" (verset coranique). Celui qui donne alors qu'il a besoin il a fait un acte méritoire mais il n'a pas accompli l'obligation, l'obligation concerne uniquement ce que l'individu a en plus. Allah dit "ils ne ressentent dans leurs cœurs aucune envie pour ce que [ces immigrés] ont reçu, et qui ils les préfèrent à eux-mêmes, même s'il y a pénurie chez eux. Quiconque se prémunit contre sa propre avarice, ceux-là sont ceux qui réussissent". Certains autres individus ont des richesses mais c'est comme s'ils n'en avaient pas, ils sont avares même avec leurs propres enfants. C'est à propos d'eux qu'on dit "avertis les richesses de l'avare d'un incident ou d'un héritage". Ou comme un poète disait "il est tél un chien de chasse qui s'empare de sa proie pour que la mange un autre".
Un homme avec un vêtement vieux et abîmé est venu auprès du messager d'Allah (sw) et il (sw) lui demanda "as-tu des biens, des richesses?" Il répondit "oui". Le prophète (sw) demande "que possèdes-tu?". L'homme: "Allah m'a donné de toutes les richesses, Il m'a donné des chameaux, des vaches, des moutons...". Le prophète (sw) lui dit alors "que l'on remarque donc sur toi les traces des bienfaits dont Allah t'a comblé". Allah a dit dans le Coran "Et quant au bienfait de ton Seigneur, proclame-le". Proclame le, pas nécessairement uniquement par la parole, mais aussi par la façon d'être et de se comporter. Tu n'as pas à t'affamer, ni à être avare à ton encontre ou contre tes proches alors que tu as des richesses. Dépenses avec mesure pour tes enfants et ta famille. Dans le hadith authentique le messager d'Allah (sw) a dit "le meilleur dinar qui puisse être dépensé par l'individu c'est le dinar qu'il dépensera pour ses enfants, ainsi que le dinar qu'il dépensera pour sa monture dans le sentier d'Allah et le dinar qu'il dépensera pour ses amis dans le sentier d'Allah".
La dépense pour les enfants et ceux qui vivent avec nous c'est la priorité à laquelle doit s'attacher l'individu. Ensuite il dépense pour ceux qui l'entourent, les voisins, les proches. Allah a dit "Ils t'interrogent : "Qu'est-ce qu'on doit dépenser? " - Dis : "Ce que vous dépensez de bien devrait être pour les pères et mères, les proches, les orphelins, les pauvres et les voyageurs indigents".
Et après tout cela il y a le devoir de la zakat, le devoir bien déterminé et annuel. La zakat est le troisième pilier après l'attestation de foi et la prière. Il est rapporté dans certains hadiths "il est épargné de l'avarice celui qui a donné la zakat, a honoré son hôte et a donné pendant les épreuves" authentifié par Ibn Hajar. Il a donné la zakat qui lui est prescrite, s'occupe convenablement de ses invités et visiteurs et il donne pendant les périodes de difficultés qui s'abattent sur les musulmans tels que les tremblements de terre, les inondations, les disettes etc... En faisant cela, l'individu se préserve de l'avarice. "Et quiconque se prémunit contre sa propre avarice, ceux-là sont ceux qui réussissent" (verset coranique). Les dépenses ne diminuent pas les richesses au contraire elles les augmentent. Le messager d'Allah (sw) a dit "aucune richesse ne diminue à cause des aumônes". Dans le livre d'Allah il est dit "à chaque que vous dépensez en bien Allah vous le remplace et Il est le meilleur des pourvoyeurs". Dans un autre verset "le shaytane vous promet la pauvreté et vous commande la turpitude, quant à Allah, Il vous promet un pardon et une récompense et Allah est Celui qui étend (les subsistances) et Il est l'Omniscient". "Le shaytane vous promet la pauvreté" c'est-à-dire si vous dépensez, si vous donnez "et vous commande la turpitude", la turpitude ici c'est le caractère mauvais, très mauvais qui est l'avarice. "Alors quant à Allah, Il vous promet un pardon et une récompense et Allah est Celui qui étend (les subsistances) et Il est l'Omniscient".
2ème Partie
Ô musulmans! Les serviteurs du Miséricordieux "lorsqu'ils dépensent, ne sont ni prodigues ni avares". Ils ne sont point avares envers eux-mêmes ni envers leurs proches, ni envers leurs voisins, ni pendant les périodes d'épreuves et de difficultés. Et avant tout cela ils ne sont point avares face au droit qu'Allah a sur eux, c'est-à-dire la zakat.
Aussi ils ne sont point prodigues lorsqu'ils dépensent c'est-à-dire qu'ils ne dilapident pas leurs richesses. Être prodigue c'est soit dépenser dans ce qui met Allah en colère. Comme un prédécesseur pieux disait "si un individu dépensait tout ce qu'il possédait dans le bien et la vérité on ne dirait pas de lui qu'il est prodigue (qu'il dilapide). Et s'il dépense une seule poignée dans le mal et le faux on dit de lui qu'il est prodigue, il dilapide". On dit à un prédécesseur pieux "il n'y a point de bien dans la dépense avec excès" il répondit "et il n'y a point d'excès dans le bien".
Malheureusement la dépense des biens avec outrance et les dilapider dans les choses permises est devenue une des caractéristiques de la plupart des musulmans aujourd'hui. Nous sommes avares en ce qui concerne les obligations mais nous dilapidons dans les choses permises, futiles ou encore interdites. Nous sommes avares dans les obligations mais nous dépensons sans compter dans les célébrations, les fêtes, dans la consommation de l'eau, l'électricité, l'énergie, les voitures etc... Plus rien n'a de la valeur pour nous. Nous utilisons ces richesses comme si elles étaient à nous alors que ce sont les richesses d'Allah. Le messager d'Allah (sw) a dit "Allah vous a interdit le non-respect des mères, enterrer les fillettes vivantes, de priver de donner (dans les obligations), de toujours réclamer (autre que son droit) et il a détesté pour vous la parole sans intérêt, de beaucoup questionner et de dilapider les richesses".
Sois sûr que n'importe quel dinar que tu as entre les mains ne t'appartient pas. Il est à tous les musulmans, à toute la communauté. Si tu le gaspilles tu as gaspillé un bien appartenant à tous les musulmans. Combien de projets islamiques sont en attente de financement. Combien d'écoles attendent d'être construites? Combien de mosquées attendent d'être édifiées? Combien de centres islamiques nous avons besoin? Combien de personnes ayant tout perdu ont besoin d'un abri? Combien d'orphelins ont besoin que quelqu'un les prenne en charge? Combien d'affamés ne demandent qu'à manger? Tout cela s'explique-t-il par une éventuelle pénurie des richesses chez les musulmans? Non par Allah! Les richesses sont abondantes. Mais soit les gens sont avares soit ils dilapident dans l'inutile et le futile. Combien d'individus dépensent des milliers et des centaines de milliers dans ce qui ne satisfait pas Allah? Si tu leur demandes de donner quelque chose dans ce qui plaît à Allah ils se renferment et leur âme devient avare. Le Coran nous a décrit ce genre d'individus en disant "ceux qui sont avares et commandent aux gens l'avarice et dissimulent ce dont Allah les a comblé. Et nous réservons aux mécréants un châtiment humiliant. Et ceux qui dépensent par ostentation devant les gens et ne croient ni en Allah ni au jour dernier". Méditez donc ce verset! Il indique que ces avares non seulement sont avares mais incitent les autres à l'être. Et en même temps Il les décrit comme étant des gens qui dépensent mais uniquement par ostentation.
Les serviteurs du Miséricordieux "lorsqu'ils dépensent, ne sont ni prodigues ni avares mais se tiennent au juste milieu". Ils sont équilibrés en tout et en particulier dans les richesses et l'équilibre. C'est la morale de l'Islam. Qu’Allah nous permette de faire partie des serviteurs du Miséricordieux.